En vidéos et en texte, la conférence animée par Ferhat Mhenni à New York, le 10 octobre 2015.
L’indépendance
de la Kabylie et son impact géopolitique
Par M. Ferhat MEHENNI
Que le monde entier le sache :
La Kabylie sera bientôt indépendante !Ses enfants sont déterminés à aller
vers la liberté de leur patrie. Son peuple aspire plus que jamais à exercer son
droit à son autodétermination. L’impact de cet événement sur son environnement
immédiat sera éminemment positif. Il va donner, une fois pour toutes, les bases
politiques, économiques et sociales à une stabilité des plus durables à
l’ensemble du sous-continent nord-africain, voire au-delà.
En affirmant cette vérité, j’entends siffler
les sirènes paniquées des ambulances de l’ordre algérien et celles de ses
soutiens qui partent vrombissant au secours d’un corps politique cancéreux
qu’ils savent déjà condamné. Ils le maintiennent en vie artificielle depuis la
chute du Mur de Berlin. Ils refusent de le débrancher et s’entêtent à le
perfuser avec les larmes et le sang des peuples d’Algérie qui n’en peuvent plus
et qui n’en veulent plus.
Cela nous permet d’énoncer cette
deuxième sentence : L’Algérie va s’effondrer, et plus vite qu’on le pense.
La communauté internationale devra s’y préparer pour ne pas être prise au
dépourvu. Je le dis en toute simplicité en sachant que je suis à quelques
centaines de mètres du siège des Nations Unies à New York. Elle va s’effondrer
non pas à cause de la seule aspiration du peuple kabyle à son indépendance,
tous les peuples d’Algérie aspirent chacun à son propre destin, mais à cause du
fait qu’il lui manque une âme : une nation. Répétons-le, l’Algérie n’en est
pas une, ce n’est pas une nation mais une mosaïque de nations qui veulent
chacune disposer de son libre choix politique. Que l’on soit Kabyle, Chawi,
Mozabite, Gourari, Touareg, Constantinois ou Oranais…chacun voudrait
s’émanciper des porteurs d’identité qui n’est pas la sienne. Il y a ceux qui
rêvent de redevenir Tunisiens ou Marocains et ceux dont le choix est de vivre
seuls. C’est là leur droit absolu. Il est fini le temps où le colonialisme français
les fédérait malgré eux contre lui-même. Une fois qu’il était officiellement
« vaincu », une fois qu’il avait remis les clefs de l’État à son
successeur,chacun a commencé à reconsidérer sérieusement sa situation au sein
de ce pays monstrueux qui n’a fait de leur liberté et de leur dignité qu’une
bouchée.
Or, pour continuer à vivre tous
ensemble et former un seul et même pays, il aurait fallu que chacun en négocie
la proposition en fonction de ses intérêts. Ce ne fut pas le cas et pour
cause ! Les militaires avaient pris le pouvoir et tout espoir de le leur
retirer reste à ce jour une pure illusion. Un colonialisme en a remplacé un
autre. Alors, ceux des Kabyles qui continuent de croire ou, plus grave encore,
de faire croire que la Kabylie finira par trouver la solution à ses problèmes au
sein d’une Algérie de rêve ne sont pas crédibles. De deux choses l’une :
ou ce sont des naïfs ou de dangereux manipulateurs.Tout le monde sait que
l’Algérie va tomber d’un jour à l’autre. N’était une certaine intervention
étrangère qui la porte à bras le corps, nous vivrions déjà avec une nouvelle
géopolitique régionale plus stable et moins dangereuse que celle qui fait de
ses enfants des kamikazes islamistes.N’était ce criminel soutien, chacun de nos
peuples vivrait aujourd’hui son indépendance en toute liberté et avec fierté. Chacun
entretiendrait des relations d’amitié et de fraternité avec son environnement
international.
Toutefois, quoi qu’il en soit, la
fille issue du viol colonial du 5 juillet 1830 va mourir de sa belle mort. Alors,
la Kabylie émergera sans coup férir des ruines de l’Algérie pour empêcher le
chaos de s’installer autour d’elle. Dans la lutte à mort que se livrent ces
deux acteurs depuis près de 55 ans, c’est le réel qui va l’emporter sur la
fiction.La Kabylie est le réel et l’Algérie, la fiction.
L’Algérie va tomber aussi du fait de
ses propres tares, qu’elles soient congénitales ou acquises. Liberticide de
naissance, vivant de son passé pour mieux occulter le présent et faire
l’impasse sur notre devenir, elle a toujours regardé derrière elle au lieu de
regarder devant. Elle a privilégié le fait d’idéaliser le passé que de
construire un avenir à ses enfants. Elle a préféré valoriser la corruption au
lieu de l’honnêteté, la rente à la place du travail, la contrainte et la
répression au respect du droit. L’Algérie a opté d’imposer le silence au lieu
de libérer la parole. Elle préfère la soumission du citoyen à son adhésion, l’aliénation
identitaire et la falsification de l’histoire à la réalité de ses peuples et de
leurs identités, l’hypocrisie à la franchise. Elle a avili la classe politique
qu’elle a ravalée au statut de pantin et les opposants à celui d’idiots utiles tout
en rackettant ses entrepreneurs. Elle a muselé la presse et confisqué le champ
médiatique au seul profit du clan au pouvoir. Elle a préféré dilapider des
milliers de milliards de dollars issus de la rente pétrolière que d’investir
dans le développement, le savoir et les universités, la recherche fondamentale
et l’innovation technologique. L’Algérie a voulu faire de ses citoyens de
simples esclaves, un troupeau de moutons.
C’est tout cela qui a toujours
indigné et révolté la Kabylie. Elle est ce cri de la liberté qui ne mourra
jamais. C’est la raison pour laquelle son indépendance sera le meilleur garant
contre le chaos qui menace de s’installer après le prévisible effondrement
algérien. Elle saura, par ses compétences, réorganiser tout autour d’elle
conformément à ses valeurs, à ses intérêts convergents avec ceux d’un
environnement géopolitique méditerranéen et nord-africain.
Ce sera, en premier lieu, son
environnement géopolitique le plus proche qu’impactera l’avènement de l’indépendance
de la Kabylie. Elle le reconfigurera d’abord en y prenant place. Cela
n’affectera aucun autre pays de son voisinage immédiat si ce n’est par la
confiance et la sérénité qu’elle va instaurer autour d’elle. Ainsi la Maroc et
la Tunisie seront les deux pays qui en seront les premiers bénéficiaires, en
termes de sécurité. Quand on sait la psychose que l’Algérie impose par ses
menaces, son attitude belliqueuse et ses intrusions intempestives dans les
affaires intérieures de ces deux pays depuis 1962, on comprend tout de suite
leur intérêt à l’arrivée d’un nouveau partenaire aussi amical que la Kabylie et
qui n’aura nulle autre ambition que celle de la paix et de la coopération tous
azimuts avec eux.
Le deuxième impact est autour de la
Méditerranée où la Kabylie viendra renforcer le camp des démocraties que,
jusqu’ici, prend à partie l’Algérie. Plutôt que d’orienter ses efforts contre
ce camp de la liberté, comme le fait l’actuelle Algérie, au contraire, la
Kabylie mobilisera toutes ses énergies pour elle-même, sa sécurité et son
développement économique, technologique et culturel qu’elle voudra généreusement
partager avec son voisinage. Elle contractera alliance contre le terrorisme
mais aussi contre le despotisme qui le nourrit et l’instrumentalise.
Géopolitiquement, la menace
permanente que constitue l’Algérie sur la sécurité autour d’elle va disparaître
pour laisser place à un nouvel acteur de la paix et de l’apaisement des
tensions entre voisins.
Le troisième impact est africain. Une
Kabylie indépendante relancera la reconfiguration géopolitique de l’Afrique du
pays touareg à l’Afrique du Sud. L’Azawad, le Cabinda, le Somaliland, pour ne
citer qu’eux, seront ceux qui viendront apporter leur contribution à la paix. Par
l’exemple, elle montrera que le fait de faire évoluer la géopolitique africaine
est davantage une chance qu’une menace pour la stabilité internationale.
L’Afrique a été violée, dépecée, charcutée au gré des fantasmes de ses
colonisateurs qui en ont fait une plaie inguérissable jusqu’ici. Les dictatures
auxquelles on l’a confiée et qui tenaient chacune violemment en main son pays
ne sont plus compatibles avec l’ordre mondial actuel, davantage favorable à la
liberté qu’au despotisme.
Elle ouvrira les yeux à l’Angleterre
et la France, principaux pays colonisateurs de l’Afrique, sur le fait qu’une
autre géopolitique africaine est non seulement souhaitable et possible mais surtout
vitale pour elles-mêmes. La géopolitique n’a jamais été statique. Elle ne cesse
de bouger depuis la nuit des temps. Vouloir la fixer pour l’éternité comme on a
cru l’avoir fait au lendemain de la « décolonisation » reviendrait à
figer le temps, ce qui est du domaine de l’impossible. La géopolitique
africaine va de toutes les façons évoluer autant par son
dynamisme interne que par celui des synergies de la mondialisation. Elle va se
refaire, de préférence avec la volonté de ces deux pays. S’ils s’y opposent,
elle se fera au détriment de ce qui a été jusqu’ici leur sphère d’influence. Il
vaudrait mieux pour la France et l’Angleterre aider un peuple africain qui
cherche à s’émanciper d’un pays créé par la colonisation que de continuer de
manière aussi irresponsable de soutenir la dictature qui, je n’exagère pas mes
mots, le maintient en esclavage ! Un peuple qu’ils auront aidé à être
libre leur sera éternellement reconnaissant. Un peuple auquel l’un de ces deux
pays s’opposerait à son indépendance serait perdu, peut-être à jamais pour la
dite sphère d’influence.
L’indépendance de la Kabylie
impactera, à long terme la géopolitique mondiale de la colonisation, qu’elle
soit africaine ou asiatique. Elle ouvrira un processus de reconfiguration du
monde où les peuples, enfin apaisés, car reconnus et respectés, iront
volontiers se solidariser entre eux, se fédérer et se regrouper dans des
ensembles toujours plus grands, toujours plus enclins à la coopération qu’à la
guerre, à la liberté qu’à la dictature, à l’amour plus qu’à la haine.
En permettant à la Kabylie de bâtir
son école, de diffuser par ses médias et ses institutions des valeurs, elle
fera reculer la menace islamiste. En restituant leur liberté aux peuples
muselés par la géopolitique coloniale, le monde éradiquerait la menace
terroriste et la violence islamiste qui, aujourd’hui a tendance à enfler et
prendre de l’envergure.
Tel un battement d’ailes de papillon,
l’indépendance de la Kabylie finira par insuffler au monde une dynamique et une
âme telles qu’il s’en trouvera transformé pour le bonheur, la paix et la
prospérité de l’humanité.
La Kabylie estime que les USA sont le
pays qui devrait le plus intervenir pour imprimer au monde une marche dans le
sens de la liberté en remettant à l’honneur notamment l’indémodable principe du
droit des peuples à leur autodétermination. Cela évitera tant de drames, de
souffrances, de larmes et de sang aux peuples et au monde entier. Si la Kabylie
est entendue, le monde sera sauvé !
New York, le 10/10/2015
Ferhat MEHENNI