Rue89 publie un reportage choc sur les pratiques des hackers en Algérie

Avec Internet, il existe des délinquants virtuels appelés des "hackers" ou "cyberdélinquents"
ce sont en général les mêmes   délinquants dans la vraie vie, mais sur les réseaux sociaux ils arrivent partout et ils monnayent leurs pratiques abjectes, soit pour obtenir de l'argent ou des faveurs sexuelles avec du chantage à la carte.

Ce reportage  reproduit intégralement,  invite les gens à la prudence, et les pouvoirs publics à prendre les mesures qui s'imposent, encore, serait-il la mesure qui leur soit prioritaire après celle de la censure. 


(D’Alger) Certaines formes de cyberdélinquance sont devenues le gagne-pain lucratif d’une frange de hackers algériens.
N’étant pas parvenus à obtenir les faveurs d’une femme ou refusant une rupture, des hommes leur font du chantage sexuel et pécuniaire, en les menaçant de porter le contenu intime échangé sur Facebook (discussions, vidéos, photos) à la connaissances de leur proches, souvent le frère ou le père, gardiens traditionnels de la préservation de l’honneur familial.

« Facebook est devenu une arme de vengeance »

Ces jeunes hommes payent également des hackers pour avoir accès au compte Facebook des femmes ciblées afin de les humilier. Le plus souvent, cela se fait par la publication de contenu intime sur le « mur » du compte de la propriétaire, ou par l’envoi de messages à caractère sexuel à son entourage masculin.
Un hacker, Hakim (tous les prénoms ont été changés), confirme :
« Facebook est devenu une arme de vengeance, surtout pour les hommes, qui extorquent aux femmes parfois jusqu’à 100 000 dinars (1 000 euros). C’est aussi un moyen qui permet à l’homme d’obtenir plus facilement les faveurs sexuelles d’une “amie”, enfin selon la vision algérienne de l’amitié homme-femme. »
Selon lui, un hacker peut se faire jusqu’à 10 000 dinars (soit 100 euros, alors que le smic local est de 180 euros) en cinq minutes, « le temps de pirater un compte ».
Lui a déjà aidé « gratuitement » plusieurs filles menacées à sortir de cet embarras. Il appelle ça du « hacking éthique » :
« J’aide les amis et les connaissances. Je pirate le compte du pirate pour récupérer le compte Facebook de la fille. Si je connais le pirate de près ou de loin, je prends en otage le compte de sa sœur ou d’une femme de sa famille et lui demande de supprimer les photos partagées. Sinon je me débrouille pour récupérer son numéro ou son adresse et je lui intime l’ordre de lâcher le compte, en le menaçant si nécessaire. »

Violences, exclusion... des conséquences graves

Des internautes dont les comptes ont été piratés envoient aussi des messages de secours à Hacker DZ, une des pages Facebook algériennes dédiées au hacking les plus fréquentées, pour récupérer leur compte.

capture d’écran de la page Hacker DZ (Facebook)
Ces pratiques de harcèlement modernes posent davantage problème dans une société où les codes de pudeur et les tabous demeurent.
Ces « partages du déshonneur » nourrissent les rumeurs et les on-dit qui font le tour du Web, du quartier ou du village.
Si certaines filles bénéficient de la compréhension de leur famille, selon plusieurs témoignages de victimes et de témoins, les représailles vont chez certaines familles de la violence physique à l’exclusion du domicile familial voire, dans certains cas, à la déscolarisation.
Adam explique :
« Nos parents ont une mauvaise image des réseaux sociaux qu’ils considèrent comme des réseaux de séduction et ont donc peur pour leurs filles qui sont très sollicitées, puisque les hommes se sentent plus libres dans les espaces virtuels que dans la réalité. »
Les réseaux sociaux lèvent en effet les remparts socio-culturels et libèrent les mœurs et les comportements, en devenant les espaces de rencontres de la jeunesse. Les messageries privées sont devenues des refuges d’expression où l’échange parfois intime, préservé du regard accusateur, s’accompagne de photos et de vidéos.

Les homosexuels également visés

Si le poids des tabous est plus un fardeau pour les femmes que pour les hommes, ces derniers ne sont pas pour autant épargnés. Les homosexuels algériens sont aussi des cibles de choix.
Le compte Facebook de Zak Ostmane, un homosexuel algérien et militant LGBT, qui avait rejoint pendant les élections présidentielles algériennes de 2014, le mouvement de contestation « Barakat » (ça suffit !), opposé à la reconduction d’Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat, avait été piraté à des fins politiques. Il raconte :
« Les photos détournées sur les réseaux sociaux et les médias arabophones pro-pouvoir ont été utilisées pour dénigrer un mouvement qualifié par ses détracteurs “d’homosexuel” et “voulant imposer le mariage pour tous après une chute éventuelle du régime”. »
Lui a pu quitter le pays mais « dans la vie quotidienne, les homosexuels subissent des menaces de “dénonciation” à leurs parents, à leur entourage », ajoute le militant.
Bien souvent, les victimes ne portent pas plainte. En 2014, seule une trentaine de plaintes ont été déposées suite à des cas de piratage et de diffusion de photos licencieuses.
La honte joue à plein, mais pas seulement : beaucoup d’entre elles « ignorent tout simplement qu’elles peuvent porter l’affaire en justice », affirme une source de la gendarmerie nationale, à laquelle est attachée le Centre de prévention et de lutte contre la cybercriminalité, crée en 2009, année pendant laquelle la première loi encadrant la lutte contre la cybercriminalité a été promulguée.
Les gendarmes mènent donc des campagnes de sensibilisation dans les écoles, les maisons de jeunes et les centre de formation professionnelles « pour apprendre aux jeunes comment se protéger d’une mauvaise utilisation du Net ».
Mais selon Rafik Bencheraiet, consultant algérien en cybersécurité basé au Canada, la lutte contre la cybercriminalité se concentre essentiellement sur les « crimes majeurs » :
« Le piratage ne relève pas de la cybercriminalité mais de la cyberdélinquance. Les autorités locales sont plus préoccupées par la lutte contre le cyberterrorisme, le trafic d’arme et le blanchiment d’argent sauf si une personnalité connue est concernée par le piratage. »
Le consultant préconise aux autorités locales « la signature d’un accord sécuritaire avec Facebook » pour que des messages de prévention soient diffusés sur les réseaux sociaux locaux.






Feriel Kolli
rue89.nouvelobs.com

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Diaspora Kabyle: Rue89 publie un reportage choc sur les pratiques des hackers en Algérie
Rue89 publie un reportage choc sur les pratiques des hackers en Algérie
Avec Internet, il existe des délinquants virtuels appelés des "hackers" ou "cyberdélinquents" ce sont en général les mêmes délinquants dans la vraie vie, mais sur les réseaux sociaux ils arrivent partout et ils monnayent leurs pratiques abjectes, soit pour obtenir de l'argent ou des faveurs sexuelles avec du chantage à la carte. Ce reportage reproduit intégralement, invite les gens à la prudence, et les pouvoirs publics à prendre les mesures qui s'imposent, encore, serait-il la mesure qui leur soit prioritaire après celle de la censure. (D’Alger) Certaines formes de cyberdélinquance sont devenues le gagne-pain lucratif d’une frange de hackers algériens. N’étant pas parvenus à obtenir les faveurs d’une femme ou refusant une rupture, des hommes leur font du chantage sexuel et pécuniaire, en les menaçant de porter le contenu intime échangé sur Facebook (discussions, vidéos, photos) à la connaissances de leur proches, souvent le frère ou le père, gardiens traditionnels de la préservation de l’honneur familial. « Facebook est devenu une arme de vengeance » Ces jeunes hommes payent également des hackers pour avoir accès au compte Facebook des femmes ciblées afin de les humilier. Le plus souvent, cela se fait par la publication de contenu intime sur le « mur » du compte de la propriétaire, ou par l’envoi de messages à caractère sexuel à son entourage masculin. Un hacker, Hakim (tous les prénoms ont été changés), confirme : « Facebook est devenu une arme de vengeance, surtout pour les hommes, qui extorquent aux femmes parfois jusqu’à 100 000 dinars (1 000 euros). C’est aussi un moyen qui permet à l’homme d’obtenir plus facilement les faveurs sexuelles d’une “amie”, enfin selon la vision algérienne de l’amitié homme-femme. » Selon lui, un hacker peut se faire jusqu’à 10 000 dinars (soit 100 euros, alors que le smic local est de 180 euros) en cinq minutes, « le temps de pirater un compte ». Lui a déjà aidé « gratuitement » plusieurs filles menacées à sortir de cet embarras. Il appelle ça du « hacking éthique » : « J’aide les amis et les connaissances. Je pirate le compte du pirate pour récupérer le compte Facebook de la fille. Si je connais le pirate de près ou de loin, je prends en otage le compte de sa sœur ou d’une femme de sa famille et lui demande de supprimer les photos partagées. Sinon je me débrouille pour récupérer son numéro ou son adresse et je lui intime l’ordre de lâcher le compte, en le menaçant si nécessaire. » Violences, exclusion... des conséquences graves Des internautes dont les comptes ont été piratés envoient aussi des messages de secours à Hacker DZ, une des pages Facebook algériennes dédiées au hacking les plus fréquentées, pour récupérer leur compte. capture d’écran de la page Hacker DZ (Facebook) Ces pratiques de harcèlement modernes posent davantage problème dans une société où les codes de pudeur et les tabous demeurent. Ces « partages du déshonneur » nourrissent les rumeurs et les on-dit qui font le tour du Web, du quartier ou du village. Si certaines filles bénéficient de la compréhension de leur famille, selon plusieurs témoignages de victimes et de témoins, les représailles vont chez certaines familles de la violence physique à l’exclusion du domicile familial voire, dans certains cas, à la déscolarisation. Adam explique : « Nos parents ont une mauvaise image des réseaux sociaux qu’ils considèrent comme des réseaux de séduction et ont donc peur pour leurs filles qui sont très sollicitées, puisque les hommes se sentent plus libres dans les espaces virtuels que dans la réalité. » Les réseaux sociaux lèvent en effet les remparts socio-culturels et libèrent les mœurs et les comportements, en devenant les espaces de rencontres de la jeunesse. Les messageries privées sont devenues des refuges d’expression où l’échange parfois intime, préservé du regard accusateur, s’accompagne de photos et de vidéos. Les homosexuels également visés Si le poids des tabous est plus un fardeau pour les femmes que pour les hommes, ces derniers ne sont pas pour autant épargnés. Les homosexuels algériens sont aussi des cibles de choix. Le compte Facebook de Zak Ostmane, un homosexuel algérien et militant LGBT, qui avait rejoint pendant les élections présidentielles algériennes de 2014, le mouvement de contestation « Barakat » (ça suffit !), opposé à la reconduction d’Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat, avait été piraté à des fins politiques. Il raconte : « Les photos détournées sur les réseaux sociaux et les médias arabophones pro-pouvoir ont été utilisées pour dénigrer un mouvement qualifié par ses détracteurs “d’homosexuel” et “voulant imposer le mariage pour tous après une chute éventuelle du régime”. » Lui a pu quitter le pays mais « dans la vie quotidienne, les homosexuels subissent des menaces de “dénonciation” à leurs parents, à leur entourage », ajoute le militant. Bien souvent, les victimes ne portent pas plainte. En 2014, seule une trentaine de plaintes ont été déposées suite à des cas de piratage et de diffusion de photos licencieuses. La honte joue à plein, mais pas seulement : beaucoup d’entre elles « ignorent tout simplement qu’elles peuvent porter l’affaire en justice », affirme une source de la gendarmerie nationale, à laquelle est attachée le Centre de prévention et de lutte contre la cybercriminalité, crée en 2009, année pendant laquelle la première loi encadrant la lutte contre la cybercriminalité a été promulguée. Les gendarmes mènent donc des campagnes de sensibilisation dans les écoles, les maisons de jeunes et les centre de formation professionnelles « pour apprendre aux jeunes comment se protéger d’une mauvaise utilisation du Net ». Mais selon Rafik Bencheraiet, consultant algérien en cybersécurité basé au Canada, la lutte contre la cybercriminalité se concentre essentiellement sur les « crimes majeurs » : « Le piratage ne relève pas de la cybercriminalité mais de la cyberdélinquance. Les autorités locales sont plus préoccupées par la lutte contre le cyberterrorisme, le trafic d’arme et le blanchiment d’argent sauf si une personnalité connue est concernée par le piratage. » Le consultant préconise aux autorités locales « la signature d’un accord sécuritaire avec Facebook » pour que des messages de prévention soient diffusés sur les réseaux sociaux locaux.
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http://www.diaspora-kabyle.com/2015/10/rue89-publie-un-reportage-choc-sur-les.html
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